Au reste, le futur doit être convaincu que jamais la future ne fera Héraclius, ni même ne l’entendra ; elle en est extrêmement loin : c’est une bonne enfant. Le futur n’a qu’à venir. Notre embarras sera de bien loger notre nouveau ménage, car j’ai fait bâtir un petit château où une jeune fille est fort à son aise, et où monsieur et madame seront un peu à l’étroit. Il serait plaisant que ce capitaine de chevaux fût un philosophe de vingt-quatre ans, qui vînt vivre avec nous, et qui sût rester dans sa chambre ! Enfin j’espère que Dieu bénira cette plaisanterie.
Divins anges, nous serons quatre qui baiserons le bout de vos ailes.
Et le roi d’Espagne ? le roi d’Espagne[1] ?
Monsieur, je dépêche à M. le comte de Kaunitz un gros paquet, à votre adresse. Il contient un volume de l’Histoire de Pierre le Grand, imprimé avec les corrections au bas des pages, et les réponses à des critiques. Votre Excellence jugera aisément des unes et des autres. J’en garde un double par devers moi. Quand vous aurez examiné à votre loisir ces remarques, qui sont très-lisibles, vous me donnerez vos derniers ordres, et ils seront exactement suivis. J’ai réformé, avec la plus scrupuleuse exactitude, les nouveaux chapitres qui doivent entrer dans le second volume, et je me suis conformé à vos remarques sur ces premiers chapitres, en attendant vos ordres sur ceux qui commencent par le procès du czarovitz, et qui finissent à la guerre de Perse. Il restera alors très-peu de chose à faire pour achever tout l’ouvrage, et pour le rendre moins indigne de paraître sous vos auspices. Je suis persuadé que vous ne voulez pas que j’entre dans les petits détails qui conviennent peu à la dignité de l’histoire, et que votre intention a été toujours d’avoir un grand tableau qui présentât l’empereur Pierre dans un jour toujours lumineux. L’auteur d’une histoire particulière de la marine peut dire comment on a construit des chaloupes, et compter les cordages ; l’auteur d’une histoire des finances peut dire ce que valait un altin[2] en 1600, et ce qu’il vaut aujourd’hui ; mais