Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/81

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qui vous seront de quelque usage : on ne peut mieux les placer qu’entre vos mains. Les deux chants dont vous parlez furent retrouvés, il y a quelques années, dans le cabinet d’un prince qui seul les avait possédés ; je doute qu’on en ait à Paris des copies fidèles ; je peux vous assurer que personne ne connaît le véritable ouvrage, composé il y a plus de trente ans, retouché depuis dix ou douze, et ensuite oublié entièrement par son auteur.

À l’égard de la petite pièce fugitive dont vous parlez, vous lui feriez une peine extrême de la rendre publique. Quelques curieux, il est vrai, l’ont dans leurs portefeuilles, mais elle est très-défectueuse, et d’ailleurs le sujet qu’elle traite serait très-désagréable à rappeler ; vous êtes très-instamment prié, monsieur, de ne pas souiller un journal utile par une telle misère. On tâchera de vous dédommager par des choses moins indignes de vous. Celui qui a l’honneur de vous écrire vous fait ses plus sincères compliments.


4344. — À M. LE BRUN.
Aux Délices, 22 novembre.

Sur la dernière lettre[1] que vous me faites l’honneur de m’écrire, monsieur, sur le nom de Corneille, sur le mérite de la personne qui descend de ce grand homme, et sur la lettre que j’ai reçue d’elle, je me détermine avec la plus grande satisfaction à faire pour elle ce que je pourrai. Je me flatte qu’elle ne sera point effrayée d’un séjour à la campagne, où elle trouvera quelquefois des gens de mérite, qui sentent tout celui de son grand-oncle. M. Delaleu, notaire très-connu à Paris, et qui demeure dans votre voisinage, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, vous remboursera sur-le-champ, et à l’inspection de cette lettre, ce que vous aurez déboursé pour le voyage de Mlle Corneille. Elle n’a aucun préparatif à faire ; on lui fournira, en arrivant, le linge et les habits convenables. M. Tronchin, banquier de Lyon, sera prévenu de son arrivée, et prendra le soin de la recevoir à Lyon, et de la faire conduire dans les terres que j’habite. Puisque vous daignez, monsieur, entrer dans ces petits détails, je m’en rapporte entièrement à votre bonne volonté, et à l’intérêt que vous prenez à un nom qui doit être si cher à tous les gens de lettres.

J’ai l’honneur d’être, avec l’estime et l’amitié dont vous m’honorez, monsieur, votre, etc., etc.


Voltaire.
  1. Datée du 12 novembre 1760, dans le tome IV des Œuvres de Le Brun.