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ANNÉE 1768.
7312. — À M. CHRISTIN[1].
16 auguste.

Mon cher avocat, mon cher philosophe, je ferai tout ce qu’on voudra et quand on voudra[2]. Je ne connais point ce législateur Furgole ; mais il me paraît évident qu’il n’y a pas l’ombre de donation dans tout ceci. C’était autrefois votre avis ; il me semble que vos premières idées sont toujours meilleures que les dernières des autres. Un prince souverain étranger stipule une pension en monnaie d’empire ; je voudrais bien savoir ce que les sangsues des domaines du royaume de France ont a dire à cela ? Chose promise, chose due. S’il refusait de payer dans l’empire, on l’actionnerait en France : alors on contrôlerait, et on payerait aux fermiers du domaine ce malheureux contrôle.

Toutes les craintes qu’on témoigne me semblent entièrement chimériques. D’ailleurs, l’objet le plus fort, qui est de deux cent mille livres, a été dûment contrôlé et insinué. Faut-il payer deux fois la même chose ? Et ne suffirait-il pas que Mme Denis mît au bas du contrat qu’elle accepte la rente ? Pour moi, c’est mon avis. De plus, comment faire avec monsieur l’électeur palatin, qui a fait le même marché, signé à Manheim ? Ce n’est pas un contrat, c’est un simple acte ; il vaut contrat à Colmar, où il n’y a point de contrôle.

Enfin il n’est pas présumable que des souverains veuillent se déshonorer pour si peu de chose ; cela est dans le rang des impossibilités morales. J’écris sur cette affaire à Mme Denis, après quoi je serai à vos ordres.

Je me flatte que vous avez écrit à M. Le Riche, et que je vous verrai arriver au mois de septembre avec un beau coq de perdrix. La pauvre solitaire que vous nous avez apportée s’ennuie de n’avoir point d’amant. J’ai préparé ma petite faisanderie.

Adieu, mon cher ami ; je recommande toujours la vérité à votre zèle ; méprisez les sots, détestez les fanatiques, et aimez-moi.

7313. — À M. HENNIN.
À Ferney, 18 auguste.

Je ne vous ai point du tout prié, monsieur, de mettre auguste à la place d’août, comme en usent tous les peuples de l’Europe,

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Il s’agit de ses affaires avec le duc de Wurtemberg.