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CORRESPONDANCE
7318. — À M. GUILLAUMOT[1].
architecte de la généralité de paris.
Au château de Ferney, 24 auguste.

Si ma mauvaise santé me l’avait permis, monsieur, il y a longtemps que je vous aurais remercié. J’ai trouvé votre ouvrage aussi instructif qu’agréable. J’en suis devenu un peu moins indigne, depuis que je n’ai eu l’honneur de vous voir. J’ai fort augmenté ma petite chaumière, et j’en ai changé l’architecture ; mais j’habite un désert, et je m’intéresse toujours à Paris, comme on aime ses anciens amis avec leurs défauts.

Je suis toujours fâché de voir le faubourg Saint-Germain sans aucune place publique ; des rues si mal alignées ; des marchés dans les rues ; des maisons sans eau, et même des fontaines qui en manquent, et encore quelles fontaines de village ! Mais, en récompense, les cordeliers, les capucins, ont de très-grands emplacements. J’espère que dans cinq ou six cents ans tout cela sera corrigé ! En attendant, je vous souhaite tous les succès que vos grands talents méritent.

J’ai l’honneur d’être avec toute l’estime qui vous est due, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.
7319. — DE MADAME DE HORN[2].
24 août.

C’est au chantre de Fontenoy que la fille du maréchal de Saxe s’adresse pour obtenir du pain. J’ai été reconnue ; madame la dauphine a pris soin de mon éducation après la mort de mon père. Cette princesse m’a retirée de Saint-Cyr pour me marier à M. de Horn, chevalier de Saint-Louis et capitaine au régiment de Royal-Bavière. Pour ma dot, elle a obtenu la lieutenance de roi de Schlestadt. Mon mari, en arrivant dans cette place,

  1. Charles-Abel Guillaumot était né à Stockholm en 1730, et est mort le 7 octobre 1807.
  2. MM. de Cayrol et François ont publié cette lettre et la lettre 7329 avec la note suivante :

    « On doit la connaissance de ces deux lettres à un de nos plus célèbres écrivain, Mme G. Sand. Elle y ajoute quelques lignes qui suppléent bien heureusement à une note de l’éditeur :

    « Ma grand’mère (Aurore de Saxe, comtesse de Horn) se trouva réduite à une petite pension de la dauphine, qui même manqua tout à coup un beau jour. Ce fut à cette occasion qu’elle écrivit à Voltaire, et qu’il lui répondit une lettre charmante, dont elle se servit auprès de la duchesse de Choiseul. »