un tel coupe-gorge. Je vous l’ai déjà mandé, madame, et j’en vois plus que jamais les inconvénients. Monsieur votre frère est instruit ; il est homme de lettres : je ne sais si vous savez qu’il a été réduit à être précepteur, et que cet état même a contribué à fortifier ses connaissances. Vous savez combien il est faible ; si on le pousse à bout et si on le maltraite jusqu’au point de lui refuser la permission de respirer, en province, l’air de sa patrie, il est capable de faire un mémoire justificatif ; ce qui serait très-triste à la fois et pour lui et pour sa famille.
Je vous promets, madame, de prévenir ce malheur, si vous voulez continuer à m’honorer de la confiance que vous m’avez témoignée. Il n’y a rien que je ne fasse pour procurer à monsieur votre frère une vie douce et honnête. Il faut absolument le retirer de l’endroit où il est. Je lui procurerai une maison sous mes yeux : je répondrai de sa conduite. Il m’a témoigné beaucoup d’amitié, et une déférence entière à mes avis. J’ignore actuellement ce qui peut lui rester de revenu, parce qu’il l’ignore lui-même ; mais, à quelque peu que sa fortune actuelle soit réduite, je me charge de lui faire mener une vie décente et honorable. J’arrangerai ce qu’il doit à Mlle Nollet, qui l’a servi longtemps sans gages ; je l’empêcherai de faire aucune dette ; en un mot, je crois que c’est un parti dont lui et toute sa famille doivent être contents.
Si ce que je veux bien faire, madame, a le bonheur de vous plaire, ayez la bonté de me le mander. Je tacherai de vous prouver le zèle, l’attachement et le respect avec lesquels…
Est celle qui perdit le pauvre Moustapha
Quand notre brave impératrice
De ses musulmans triompha ;
Et ce beau portrait que voilà,
C’est celui de la bienfaitrice
Du genre humain, qu’elle éclaira.
Voilà ce que j’ai dit, madame, en voyant le cafetan dont Votre Majesté impériale m’a honoré, par les mains de M. le prince Kosloftsky, capigi-bachi de vos janissaires, et surtout cette