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CORRESPONDANCE.
7238. — À M. LE CURÉ DE FERNEY[1].

Je prie monsieur le curé d’avertir les paroissiens qu’on s’est plaint au parlement de Dijon des indécences et des excès qui se commettent quelquefois dans les cabarets à Ferney.

Les remontrances de monsieur le curé mettront fin à ces plaintes ; il inspirera le respect pour la religion et pour les mœurs.

Voltaire.
7239. — À M. D’AMMON[2].
15 avril.

Je suis plus étonné, monsieur, du souvenir dont vous m’honorez, que de vous voir entreprendre un ouvrage utile. La vieillesse de mon corps et de mon esprit ne me permet pas de vous être du moindre secours ; mais elle ne m’empêche pas de sentir vivement tous les droits que vous avez à mon estime. Des généalogies raisonnées, sobrement enrichies de faits intéressants, et ornées des caractères des principaux personnages, peuvent fournir sans doute un ouvrage utile à tous les hommes d’État, et agréable pour tous les lecteurs.

J’avoue que le nombre des aïeux que vous faites monter, dans seize générations, à cent trente et un mille soixante-onze personnes, passe mes connaissances. Je ne conçois pas comment on peut avoir des générations en nombre impair, à moins que quelque grand’mère ne se soit avisée d’accoucher sans qu’aucun homme s’en mêlât : ce qui n’est arrivé, ce me semble, qu’à la Vierge, dans l’Écriture, et à Junon, dans la Fable.

Je ne sais si je me trompe ; mais il me semble que tout homme, soit charbonnier, soit empereur, doit compter, dans seize quartiers de père et de mère, cent neuf mille six cent seize personnes, tant mâles que femelles. C’est à vous à voir si mon compte est juste. Je vous souhaite autant de pistoles que vous trouverez d’aïeux.

J’ignore pourquoi vous dites que le maréchal de Belle-Isle fut

  1. Il s’appelait Gros.
  2. Christophe-Henri d’Ammon, chambellan du roi de Prusse, mort le 2 février 1783, auteur de : Généalogie ascendante jusqu’au 4° degré inclusivement de tous les rois et princes des maisons souveraines de l’Europe actuellement vivants, réduite en CXIV de XVI quartiers, composée selon les principes du blason', Berlin, 1768, in-f°/ (B.)