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ANNÉE 1769.

voulu s’attirer de la considération en trompant les hommes, et toujours un petit nombre de gens sensés qui s’est moqué de ces charlatans.

Il est vrai que les énergumènes de ce temps-ci sont plus dangereux que ceux du temps de Lucien, votre devancier. Ceux-là ne voulaient que faire bonne chère aux dépens des peuples ; ceux-ci veulent s’engraisser et dominer. Ils sont accoutumés à gouverner la canaille, ils sont furieux de voir que tous les gens bien élevés leur échappent. Leur décadence commence à être universelle dans l’Europe. Une certaine étrangère nommée la Raison a trouvé partout des apôtres, depuis une quinzaine d’années. Son flambeau a éclairé beaucoup d’honnêtes gens, et a brûlé les yeux de quelques fanatiques qui crient comme des diables. Ils crieront bien davantage, s’ils voient votre joli dialogue.

Pour moi, monsieur, je n’élève la voix que pour vous témoigner mon estime et ma reconnaissance, et pour vous dire avec quels sentiments respectueux j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre, etc.

7509. — DE M. HENNIN[1].
À Genève, le 10 mars 1769.

Je n’aurai pas, monsieur, le plaisir de voir les Scythes auprès de vous. On s’imagine au dehors que tout est ici dans la confusion, et s’il arrivait la moindre chose tandis que je m’amuserais à Ferney, vous jugez des reproches que je m’attirerais.

M. Dupuits vous remettra, monsieur, la lettre de l’abbé de Rancé que j’avais depuis deux ou trois jours sur ma table.

Il paraît que l’orage de la-bas commence à se calmer.

On dit que vous êtes content de nos acteurs. Nous dirons beaucoup à la prima donna de ne pas faire la petite bouche, et il faut espérer qu’elle nous écoutera, parce que nous en imposons moins que vous. Je suis très-aise de vous savoir occupé de choses qui vous amusent. J’en fais de même quand je le puis : mais les occasions sont rares.

Salut, santé et gaieté.

7410. — À MADAME DE SAUVIGNY.
À Ferney, 17 mars.

J’ai attendu, madame, pour vous remercier de la confiance et de la bonté avec laquelle vous avez bien voulu m’instruire de

  1. Correspondance inédite de Voltaire arec P.-M. Hennin : Paris 1825.