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ANNÉE 1769.

venant voir, les filles dans les convulsions du désespoir, le père en cheveux blancs, baigné de larmes. Et qui a-t-on persécuté ainsi ? la plus pure innocence et la probité la plus respectable. La destinée m’a envoyé cette famille ; il y a six ans que je travaille pour elle. Enfin la lumière est parvenue dans les têtes de quelques jeunes conseillers de Toulouse, qui ont juré de faire amende honorable. Cuistres fanatiques de Paris, misérables convulsionnaires, singes changés en tigres, assassins du chevalier de La Barre, apprenez que la philosophie est bonne à quelque chose !

Je vous conjure, mon cher successeur, de presser la bonne volonté de M. le prince de Beauvau. Voici le moment d’agir. Sirven, condamné à mort, est actuellement devant ses juges, ses filles sont auprès de moi ; je les ferai partir, si ses juges veulent les interroger. Je me recommande à vos bontés et à celles de M. le prince de Beauvau.

Je vous embrasse de tout mon cœur, sans cérémonie ; mais c’est avec la plus profonde estime et la plus sincère amitié.

7522. — À M. DUPONT.
À Femey, 4 avril.

Mon cher ami, je ne saurais mieux faire que de vous envoyer la copie de la lettre que j’écris à M. Jean Maire[1] ; elle vous mettra au fait de tout. Vous me parlerez en ami et en homme vertueux, tel que vous êtes.

J’ai eu douze accès de fièvre ; j’ai passé par toutes les cérémonies qu’un officier de la chambre du roi, un membre de l’Académie française, et un seigneur de paroisse, doivent faire. Je n’ai que peu de temps à vivre ; je ne dois rien faire que ma famille puisse reprocher à ma mémoire. Je serai bien fâché de mourir sans vous avoir embrassé.

Voltaire.
7523. — À M. SAURIN.
À Ferney, 5 avril.

Je vous remercie très-sincèrement, mon cher confrère, de votre Spartacus ; il était bon, et il est devenu meilleur. Les

  1. Cette lettre manque.