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ANNÉE 1769.
7549. — À M. L’ABBÉ AUDRA,
baron de saint-just, chanoine de toulouse, professeur royal d’histoire.
5 mai.

Vous voilà donc, monsieur, professeur en incertitude : vous ne le serez jamais en mensonge, si j’étais plus jeune, si j’avais de la santé, je travaillerais de bon cœur à ce que vous me proposez ; mais je vois que je serai obligé de m’en tenir à la Philosophie de l’Histoire. Si vous n’avez point ce petit livre, j’aurai l’honneur de vous l’envoyer par la voie que vous m’indiquerez.

Sirven sera sans doute allé consulter secrètement ses parents et ses amis vers Mazamet. Je me repose de la justice qu’on lui doit sur vos bontés et sur celles des magistrats, à qui vous avez inspiré tant de bienveillance pour lui. Sa cause d’ailleurs est si bonne et si claire qu’il faudrait être également aveugle et méchant pour le condamner.

Je voudrais être caché dans un coin à Toulouse le jour que son innocence sera reconnue. S’il faut faire partir ses filles, je les enverrai à Toulouse au premier ordre que vous me donnerez. Je ne trouverai rien dans l’histoire moderne qui me plaise davantage que la justification des Calas et des Sirven.

Adieu, monsieur ; on ne peut vous estimer et vous aimer plus que vous l’êtes du solitaire V.

7550. — À M. SIGNY[1],
dessinateur pour la ville de paris, au nouvel hotel des monnaies.
À Ferney, 6 mai.

Vous avez fait, monsieur, à mes retraites de Ferney et des Délices un honneur que ni elles ni moi ne méritions. J’ai été bien étonné de me trouver très-ressemblant dans des figures de quatre ou cinq lignes. C’est un prodige de l’art. Vos dessins dureront plus que mes maisons ; elles sont fort changées depuis que vous ne les avez vues. Je me suis défait des Délices, et j’ai ajouté deux ailes au château de Ferney. Les quatre tours qui cachaient une très-belle vue sont détruites. Les jardins sont augmentés, et ce séjour est actuellement moins indigne de vous recevoir.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.