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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/366

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CORRESPONDANCE.

ou je me trompe fort. Si je n’obtiens pas ce que je demande, je m’en prendrai à vous.

Ma lettre n’a rien d’un bref, elle est trop longue. Je vous supplie de me pardonner, et de conserver pour ma vieille tête et pour mon jeune cœur des bontés dont je fais plus de cas que de toutes les perruques possibles.

N. B. Voici un petit mémoire du suppliant : c’est trop abuser de votre charité que de vous supplier d’ordonner que la supplique soit rédigée selon la forme usitée.

N. B. M. le duc de Choiseul me fit avoir, haut la main, de la part de Clément XIII, des reliques pour l’autel de ma paroisse ; M. le cardinal Bembo n’aura-t-il pas le pouvoir de me faire avoir une tignasse de Clément XIV ?

Agréez les tendres respects du radoteur.

N. B. Peut-être que le nom d’ex-jésuite n’est pas un titre pour obtenir des faveurs ; mais peut-être aussi, quand on abolit le corps, on ne refusera pas à des particuliers des grâces qui sont sans conséquence.

Daignez répondre à mon verbiage quand Votre Éminence aura un moment de loisir.

7572. — À M. LE MARQUIS ALBERGATI CAPACELLI[1].
14 juin.

Il est vrai, monsieur, que j’avais projeté, il y a deux ans, de faire un petit voyage en Italie. Vous en étiez le principal objet. Je voulais alors avoir avec moi quelque jeune homme italien instruit et sage, qui pût me rendre le voyage plus agréable ; mais la longue maladie qui m’a mis aux portes du tombeau ne m’a pas permis de remplir mes vues. Si j’étais assez heureux pour me pouvoir transplanter, je viendrais moi-même vous demander la personne que vous voulez bien me proposer ; mais il n’y a plus de plaisir pour moi, et je ne dois penser qu’à mourir au pied des Alpes, au lieu de les franchir pour venir vous embrasser.

Conservez-moi des bontés qui feront ma consolation jusqu’à mon dernier moment.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.