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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/402

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CORRESPONDANCE.
7606. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
23 juillet.

C’est belle malice à vous, mon cher ami, d’être malade sous les yeux de M. de Sénac. C’est crier famine près d’un tas de blé. Cependant, il faut avouer que, quand on serait l’ami intime de toute la faculté, on n’en serait pas moins exposé à toutes les infirmités dont la nature a doté la race humaine ; j’en sais des nouvelles. J’ai vécu longtemps, mais toujours pour souffrir. Je n’existe aujourd’hui que pour être calomnié ; on m’impute je ne sais quelle Histoire du Parlement, dont les derniers chapitres sont un chef-d’œuvre d’erreurs, d’impertinences et de solécismes. Dieu soit béni ! Voilà le centième ouvrage qu’on m’attribue depuis trois ans. Quand je dicterais jour et nuit, comme Esdras, sans fermer la bouche, je n’aurais pu y suffire.

Je vous écris à Versailles ; je ne vous crois pas à Compiègne, attendu qu’on ne tuera personne au camp, et que les hôpitaux militaires n’auront rien à faire.

J’habite un petit pays autrefois très-inconnu, où l’on n’était malade que des écrouelles ; on y a envoyé des troupes, et avec elles la v…… Je remercie les bureaux de la guerre de cette attention.

Bonsoir, mon cher ami ; on dit que vous aurez une très-belle salle de spectacle à Versailles, et qu’on se prépare déjà pour les fêtes du mariage de M. le dauphin. Vous allez être plongé jusqu’au col dans les plaisirs.

7607. — À M. DE CHABANON.
23 juillet.

Plus vous aurez de frères, mon cher ami, mieux ce sera pour les gens qui pensent. Nous avons besoin d’une recrue de gens d’esprit contre les barbares. Il faut que votre soleil de l’Amérique[2] vienne réchauffer notre continent.

J’ai eu affaire, moi qui vous parle, à des barbares welches, qui m’ont imputé une Histoire du Parlement dont les derniers chapitres sont un tissu de faussetés et d’impertinences qui ne sont pas même écrites en français. Vous voyez que j’ai à soutenir

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Chabanon de Maugris avait habité l’Amérique.