rapsodie[1], contre laquelle vous m’avez vu si en colère, puisse être de moi.
La compagnie des Indes, dont vous me parlez, paye actuellement le sang de Lally ; mais qui payera le sang du chevalier de La Barre ?
Ne soyez point étonné, monsieur, que j’aie été malade au mois d’auguste, que les Welches appellent août. J’ai toujours la fièvre vers le 24 de ce mois, comme vers le 14 de mai[2]. Vous devinez bien pourquoi, vous dont les ancêtres étaient attachés à Henri IV. Votre visite et votre souvenir sont un baume sur toutes mes blessures. Conservez-moi des bontés dont le prix m’est si cher.
Je remercie le jeune auteur des Guèbres, qui m’a valu une lettre de mon cher marquis. Je suis bien malade, et assez hors d’état de donner des conseils à l’auteur. Je ne puis que lui souhaiter un meilleur siècle, moins d’égarement dans le goût public, moins de ridicule politique dans ceux qui craignent qu’on ne prenne des prêtres d’Apamée pour des archevêques de Paris : cela est d’une impertinence horriblement welche.
Quoi ! l’on jouera le Tartuffe, et l’on ne jouera pas les Guèbres ! L’inconséquence est le fruit naturel du sol de votre pays.
J’ai ouï dire qu’en effet il y a actuellement à Paris une belle et spirituelle Hongroise dont le père était sans doute à la tête de la nation quand l’impératrice présenta son fils, et fit verser des larmes à tout le monde. Le comte de Palfi parla dignement, et pleura de même ; mais il est très-certain que Marie-Thérèse prononça les paroles que j’ai recueillies[3]. Il faut bien se garder de les donner à un autre ; elles sont déchirantes dans la bouche d’une mère. Cela ferait à merveille dans une belle scène de tragédie.
Je prie mon cher marquis de dire à tous les Welches qu’il rencontrera qu’ils sont des monstres s’ils empêchent qu’on ne joue les Guèbres. Je l’embrasse de tout mon cœur[4].