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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/503

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année 1769.

et éclairé, quoique conseiller de la cour, soit de retour de la campagne, pour tirer au clair cette histoire abominable, qui doit achever de couvrir de honte ces juges du xe siècle, bien indignes de vivre au xviiie siècle, à moins que ce ne soit pour y être traités comme ils ont traité Martin.

Je n’ai point vu cette pièce de vers intitulée Michaut et Michel[1]. On dit que les deux héros sont Michel de Saint-Fargeau et Michault de Montaron de Montblin, deux fanatiques du parlement, bien connus pour tels. Si la pièce est bonne, comme on le dit, je souhaite qu’elle soit publique, et que l’auteur ne se fasse pas connaître ; je ne manquerai pas, au reste, d’assurer (et c’est la verité) que vous n’y avez aucune part. Il est sûr que la pièce existe, mais elle est peu connue.

J’ai promis à Panckoucke de lui donner quelques additions pour les articles de mathématiques et pour quelques-uns de physique. Les molécules organiques et les anguilles de Needham ont rapport à l’article Génération, qui n’est pas de ma partie. Du reste, je ne crois pas plus à ces sornettes que vous. Quant aux déclamations et autres sottises qui déshonorent l’Encyclopédie, on fera bien de les supprimer ; mais je ne m’en mêlerai pas, ayant déclaré que je ne voulais point être éditeur. Je me fais d’avance un grand plaisir de lire vos articles de belles-lettres.

Je ne sais plus ce que j’ai dit de Maupertuis ; ce que je sais, c’est qu’il faut que je ne l’aie pas trop flatté, car il était mécontent, et nous étions très-froids ensemble quand il est mort.

Je donnerai au domestique de Damilaville, qui doit être à la campagne, le billet [2] que vous m’envoyez pour lui ; c’est une œuvre de charité et de justice. Son pauvre maître est mort banqueroutier.

Oui, sans doute, il y a une infinité de cas où la diagonale d’un rectangle est aussi incommensurable aux côtés que la diagonale du carré ; ce cas est même bien plus fréquent que celui de la commensurabilité.

Je ne sais si l’empereur est des nôtres, mais je m’accoutumerai difficilement à ne pas voir la maison d’Autriche avec un vernis de superstition.


· · · · · · · · · · Timeo Danaos et dona ferentes.

(Virg., Æneid., lib. II, v. 49.)

Adieu, mon cher et illustre confrère ; je vous embrasse de tout mon cœur.

7707. — DE CATHERINE II[3],
impératrice de russie.
À Pétersbourg, ce 1er novembre 1769.

Monsieur, je suis bien fâchée de voir, par votre obligeante lettre du 17 d’octobre, que mille fausses nouvelles sur notre compte vous aient affligé. Cependant il est très-vrai que nous avons fait la plus heureuse campagne

  1. Voyez une note sur la lettre 7688.
  2. Voyez lettre 7694.
  3. Collection de Documents, Mémoires et Correspondances relatifs à l’histoire de l’empire de Russie, etc., tome X, page 391.