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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/505

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année 1769.

de Paris prendre soin de mon triste état. Je vous recommande ce pauvre Sirven ; achevez votre ouvrage. La faiblesse de mon corps ne s’étend point sur mes sentiments. Je suis pénétré de reconnaissance et d’admiration pour le zèle de M. de La Croix. Le style de ses lettres me fait juger du succès qu’aura son mémoire en faveur de l’innocence, si cruellement opprimée. Je le prie de regarder cette lettre comme écrite à vous et à lui. Pardonnez-moi tous deux une lettre si courte ; mon état est mon excuse.

Si le pauvre Sirven a besoin d’argent, il n’a qu’à parler ; je vous prie de le lui faire dire.

7709. — À M. LE CARDINAL DE BERNIS.
À Ferney, le 13 novembre.

Votre Éminence veut s’amuser à Rome de quelques vers français : eh bien ! en voilà[1]. Ma, per tutti i santi, oubliez que vous êtes archevêque et cardinal. Souvenez-vous seulement que vous êtes le plus aimable des hommes, l’académicien le plus éclairé, et que vous avez du génie. J’ajouterai encore : Souvenez-vous que vous avez de la bonté pour moi ; et dites-moi, je vous en prie, si vous êtes de l’avis de milord Cornsbury.

Vous ne montrerez pas les Guèbres au cardinal Torregiani[2], n’est-il pas vrai ? Ma foi, votre pape paraît une bonne tête. Comment donc ! depuis qu’il règne il n’a fait aucune sottise.

7710. — À M. LE COMTE DE ROCHEFORT.
18 novembre.

Je suis devenu plus paresseux que jamais, monsieur, parce que je suis devenu plus faible et plus misérable. Il m’aurait été impossible de faire le voyage de Paris : je peux à peine faire celui de mon jardin. Mme Denis a rapporté une belle lunette, mais il faut avoir des yeux. On perd tout petit à petit, excepté les sentiments qui m’attachent à vous et à Mme de Rochefort.

Je voudrais bien avoir des compliments à vous faire sur l’accomplissement des promesses qu’on vous a faites. C’est là ce qui m’intéresse véritablement : car, en vérité, j’ai beaucoup d’indifférence pour tout le reste. J’espère que M. le duc de Choiseul

  1. Les Guèbres, voyez tome VI, page 483.
  2. Louis-Marie Torregiani, Florentin, né le 18 octobre 1697.