Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/535

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
525
année 1769.

récité des bribes fort jolies d’un petit poëme intitulé Michaud, ou Michon et Michette[1], et qu’il lui a dit que ces gentillesses étaient de moi. Le bruit en a couru par la ville. Il est clair cependant qu’elles sont de celui qui les a récitées. C’est, dit-on, une satire violente contre trois conseillers au parlement, qui sont des gens fort dangereux. On met tout volontiers sur mon compte, parce qu’on croit que je peux tout supporter, et qu’étant près de mourir, il n’y a pas grand mal de me faire le bouc émissaire. Après tout, je crois l’auteur trop galant homme pour m’imputer plus longtemps son ouvrage. Il est dans une situation à ne rien craindre de MM. Michon ou Michaud, supposé qu’il y ait des conseillers de ce nom. Je ne suis pas dans le même cas ; et d’ailleurs je n’ai jamais vu un seul vers de cet ouvrage. Je ne doute pas que M. d’Alembert, quand il reverra l’auteur, qui n’est pas actuellement à Paris, ne lui conseille généreusement de se déclarer, ou d’enfermer son œuvre sous vingt clefs.

Voilà, monsieur, ce que je vous supplie de montrer à M. d’Alembert dans l’occasion. Je ne lui écris point, je suis trop faible, et c’est un effort pour moi très-grand de dicter même des lettres.

Adieu, monsieur ; je serai, jusqu’au dernier moment, pénétré pour vous de la plus tendre estime. Je ne cesse d’admirer un militaire si rempli de goût, d’esprit et de bonté.

7746. — À M. CHRISTIN[2].
5 janvier 1770.

Cent bonnes années à mon cher petit philosophe. Le vieil ermite est toujours bien malade et bien faible ; mais ses sentiments pour le Cicéron de Saint-Claude ne sont point affaiblis.

Nous commencerons l’impression d’une très-honnête encyclopédie[3] dès que nous aurons reçu les réflexions sur la jurisprudence des Francs. L’article Criminel contient le procès du chevalier de La Barre tout au long. On ne sait si on réimprimera cette pièce sous le nom du chevalier de La Barre ou sous un nom supposé. Nous espérons voir mon frère Christin vers le saint temps de Pâques, et nous raisonnerons de tout cela à tête reposée. L’oncle et la nièce lui font mille compliments.

  1. Voyez une note sur la lettre 7688.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Les Questions sur l’Encyclopédie.