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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/561

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année 1769.

J’ai lu une partie de la traduction des Géorgiques[1] ; j’y ai vu l’extrême mérite de la difficulté surmontée. Je ne m’attendais pas à voir tant de poésie dans la gêne d’une traduction. Je crois que cet ouvrage aura une très-grande réputation parmi les amateurs des anciens et des modernes.

Je vous supplie, mon cher ami, de vouloir bien assurer M. Delille de ma reconnaissance et de ma très-sincère estime.

7773. — À M. LE RICHE,
à amiens.
6 février.

Vous avez quitté, monsieur, des Welches pour des Welches[2]. Vous trouverez partout des barbares têtus. Le nombre des sages sera toujours petit. Il est vrai qu’il est augmenté ; mais ce n’est rien en comparaison des sots ; et, par malheur, on dit que Dieu est toujours pour les gros bataillons. Il faut que les honnêtes gens se tiennent serrés et couverts. Il n’y a pas moyen que leur petite troupe attaque le parti des fanatiques en rase campagne.

J’ai été très-malade, je suis à la mort tous les hivers ; c’est ce qui fait, monsieur, que je vous ai répondu si tard. Je n’en suis pas moins touché de votre souvenir. Continuez-moi votre amitié ; elle me console de mes maux et des sottises du genre humain.

Recevez les assurances, etc.

7774. — À M. ***.
Au château de Ferney, par Genève, 6 février.

Vous vous adressez, monsieur, à un vieillard malade, qui a presque oublié sa langue. Messieurs vos oncles auraient bien mieux décidé que moi la question que vous me proposez. Je me souviens seulement que dans le Don Quichotte il est dit que Sancho-Pança enfile des proverbes. Je crois même que, dans la comédie du Menteur, il est parlé des mensonges que Dorante enfile[3], parce qu’en effet Dorante en débite plusieurs, et son valet peut lui dire : Comme vous les enfilez ! Mais on ne peut jamais se servir

  1. Par Delille.
  2. M. Le Riche avait été directeur des domaines à Besançon. (K.)
  3. Je n’ai trouvé cette expression ni dans le Menteur, ni dans la Suite du Menteur. (B.)