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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/564

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CORRESPONDANCE.
7777. — À M. MARENZI[1].
À Ferney, 12 février.

Je vous aurais remercié plus tôt de l’honneur que vous me faites, si j’avais été assez heureux pour être en état de lire la traduction dans laquelle vous m’embellissez. Des fluxions très-dangereuses, qui me tombent sur les yeux dans le temps des neiges, me privent alors entièrement de la vue.

Dès que je les ai pu ouvrir, ils m’ont servi à lire votre belle traduction. Je suis partagé entre l’estime et la reconnaissance. Je compte bien faire imprimer votre ouvrage à Genève. Il est bien flatteur pour la France que l’Italie, la mère des beaux-arts, daigne nous traiter en sœur ; mais elle sera toujours notre sœur aînée. Pour moi, je la regarderai toujours comme ma mère.

Agréez mes sincères remerciements, et tous les sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire,
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.
7778. — À M. L’ABBÉ AUDRA.
Le 14 février.

Je suis plus étonné que jamais, mon cher philosophe, de n’avoir aucune nouvelle de Sirven. M. de La Croix avait eu la bonté de me mander qu’il travaillait à un mémoire en sa faveur, mais que ce Sirven voulait faire l’entendu, et qu’il dérangeait ses mesures. Je commence à croire qu’il a pris son parti, et qu’il ne songe qu’à rétablir le petit bien qu’on lui a rendu. Il a ses deux filles à quelques lieues de moi. S’il veut avoir ses deux filles auprès de lui, je leur donnerai de quoi faire leur voyage honnêtement. Si le père a besoin d’argent, je lui en donnerai aussi pour achever de réparer ses malheurs.

Je vous demande en grâce de vouloir bien faire mes compliments et mes remerciements à M. de La Croix, et l’assurer de la véritable estime que je conserverai pour lui toute ma vie.

  1. Jean Marenzi, à qui est adressée la lettre 7734 qui avait envoyé a Voltaire une traduction de Zaïre (voyez lettre 7734 lui envoya ensuite une traduction en vers blancs italiens de la Henriade. Un manuscrit, qui en est conservé dans la bibliothèque de Bergame, a en tête une lettre de Marenzi à Voltaire en italien, et la réponse de Voltaire en français. Marenzi est mort à la fin du xviiie siècle.