aussi quelques ordres qui regardaient la police. C’est sur cela, monsieur, que quelques plaisants de Paris ont écrit qu’il avait fait un sermon. Qui n’a jamais rien écrit contre ce qu’il doit respecter n’a point de rétractation à faire. Il sait, monsieur, que des jeunes gens inconsidérés mettent tous les jours sous son nom des brochures qu’il ne lit point. Son âge de soixante-quinze ans devrait le mettre à l’abri de ces imposteurs. Occupé dans la plus profonde retraite du soin de soulager ses vassaux et de défricher des campagnes incultes, il n’a jamais daigné seulement confondre ces bruits populaires ; et moi, monsieur, je dois faire ce qu’il ne fait pas. Toute la province rend depuis douze ans le même témoignage que moi. Il n’appartient qu’à ses calomniateurs de se rétracter. On doit laisser les citoyens en repos, et surtout un homme de son âge. Il m’a dit qu’il vous remerciait de vos intentions, mais qu’il vous serait encore plus obligé de votre silence.
J’ai l’honneur d’être, etc.
Ma chère et respectable philosophe, M. de Lalive m’apporte votre lettre du mois de mars 1767. Il a eu le temps de voir l’Italie, laquelle a rarement vu des Français aussi aimables que lui.
Je me recommande à vos bontés plus que jamais. La philosophie gagne par toute l’Europe ; mais quand elle parle haut, le fanatisme hurle plus haut encore. Ses cris sont furieux, et ses démarches secrètes sont encore plus affreuses. Les énergumènes soupirent après une seconde représentation de la tragédie du chevalier de La Barre. Ce sont là les spectacles qu’il faut à ces monstres. On est bien persuadé que vos amis détourneront les coups qu’on veut porter aux disciples de la raison, et qu’ils ne permettront jamais que de jeunes indiscrets nomment devant eux les personnes qu’on accuse bien injustement. Vous avez toujours pensé comme les frères rose-croix, qui faisaient leur séjour invisible dans ce monde ; vous vivez avec les sages ; vous fuyez les méchants et les sots, ils ne peuvent vous faire de mal, mais ils peuvent en faire beaucoup à un homme qui vous est tendrement attaché pour le reste de sa vie.
S’il y a quelque chose de nouveau, ma chère philosophe, sur cet article très-important, je vous supplie de me le mander. Le