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ANNÉE 1768.

par ce que vous ordonnerez. Je vous supplie d’être juge du combat. Je prends la liberté de vous envoyer ma réponse. Si vous la trouvez raisonnable, permettez que je prenne encore une autre liberté : c’est de vous supplier de lui faire parvenir ma lettre, soit par la poste, soit par M. le comte du Châtelet.

Vous me trouverez bien hardi ; mais vous pardonnerez à un vieux soldat qui combat pour sa patrie, et qui, s’il a du goût, aura combattu sous vos ordres.

7302. — À M. LE COMTE DE MILLY,
lieutenant-colonel d’infanterie.
À Ferney, 20 juillet ;

Il a un mois, monsieur, que je vous dois des remerciements de la lettre dont vous m’avez honoré, si ma vieillesse, et mes maladies, qui la rendent très-décrépite, me l’avaient permis. Je vois avec un grand plaisir que vous joignez l’étude des lettres à celle de la guerre, et que vous rendez l’une et l’autre encore plus respectables par la plus saine morale. Quoique je sois très-touché, monsieur, des choses obligeantes que vous me dites, je le suis encore plus de votre philosophie humaine. Il est vrai que j’ai eu l’inadvertance condamnable d’oublier le P. Reyneau[1] de l’Oratoire. Je vous suis obligé de m’avoir fait apercevoir de ma faute. Je vais la réparer dans une nouvelle édition que l’on fait du Siècle de Louis XIV et du Siècle de Louis XV. Pardonnez, monsieur, à mon triste état, qui a retardé si longtemps les témoignages de tous les sentiments respectueux avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc.

7303. — À M. DE CHABANON[2].
26 juillet.

J’ai l’air d’être un ingrat, mon cher ami, mon cher confrère ; vous m’avez envoyé des vers charmants, et je ne vous en ai pas remercié sur-le-champ. Mais songez toujours combien je suis vieux, et par l’âge, et par les maladies. L’envie et la calomnie poursuivent encore ma pauvre vieillesse. On ne m’a point laissé en repos dans ma retraite. Ce qu’il y a de pis, c’est que ces persécutions continuelles font perdre un temps précieux. Je n’en ai

  1. Voyez son article, tome XIV, page 121. Cet article, qui n’existait pas dans l’édition de 1768, y fut ajoute dans l’errata.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.