Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/114

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104 ORESTE.

L’héritier de mon nom et de mon diadème, Est trop intéressé, madame, à détourner Des périls que toujours vous voulez soupçonner : ]1 vous tient lieu de fils, n’en connaissez plus d’autre. Vous savez, pour unir ma famille et la vôtre, Qu’Electre eût pu prétendre à l’hymen de mon fils, Si son cœur h vos lois eut été plus soumis, Si vos soins avaient pu iléchir son caractère : Mais je punis la sœur, et je cherche le frère ; Plistène me seconde : en un mot, il vous sert. Notre ennemi commun sans doute est découvert. Vous frémissez, madame ?

CLYTEMNESTRE.

nouvelles victimes ! Ne puis-je respirer qu’à force de grands crimes ? Égisthe, vous savez qui j’ai privé du jour… Le fils que j’ai nourri périrait à son tour ! Ah ! de mes jours usés le déplorable reste Doit-il être acheté par un prix si funeste ?

ÉGISTHE.

Songez…

CLYTEMNESTRE.

Souffrez du moins que j’implore une fois Ce ciel dont si longtemps j’ai méprisé les lois,

ÉGISTHE.

Voulez-vous qu’à mes vœux il mette des obstacles ? Qu’attendez-vous ici du ciel et des oracles ? Au jour de notre hymen furent-ils écoutés ?

CLYTEMNESTRE.

Vous rappelez des temps dont ils sont irrités. De mon cœur étonné vous voyez le tumulte. L’amour hrava les dieux, la crainte les consulte. N’insultez point, seigneur, à mes sens affaiblis. ■ — Le temps, qui change tout, a changé mes esprits ; Et peut-être des dieux la main appesantie Se plaît à subjuguer ma fierté démentie. Je ne sens plus en moi ce courage emporté. Qu’en ce palais sanglant j’avais trop écouté. Ce n’est pas que pour vous mon amitié s’altère : 11 n’est point d’intérêt que mon cœur vous préfère ; Mais une iille esclave, un fils abandonné. Un fils mon ennemi, peut-être assassiné.