Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE III, SCÈNE VI. 127

ÉGISTHE.

Dites-moi dans quels lieux Votre bras m’a vengé de ce prince odieux.

ORESTE.

Dans les champs d’Hermione, au tombeau d’Achémore, Dans un bois qui conduit au temple d"Épidaure.

ÉGISTHE.

Mais le roi d’Épidaure avait proscrit ses jours ;

D’où vient qu’à ses bienfaits vous n’avez point recours ?

ORESTE.

Je chéris la vengeance, et je hais l’infamie. Ma main d’un ennemi n’a point vendu la vie. Des intérêts secrets, seigneur, m’avaient conduit : Cet ami les connut ; il en fut seul instruit. Sans implorer des rois, je venge ma querelle. Je suis loin de vanter ma victoire et mon zèle ; Pardonnez. Je frissonne à tout ce que je voi ; Seigneur… d’Agamemnon la veuve est devant moi… Peut-être je la sers, peut-être je l’offense : Il ne m’appartient pas de braver sa présence. Je sors…

ÉGISTHE.

Non, demeurez.

CLYTEMN’ESTRE,

Qu’il s’écarte, seigneur ; Son aspect me remplit d’épouvante et d’horreur. C’est lui que j’ai trouvé dans la demeure sombre Où d’un roi malheureux repose la grande ombre. Les déités du Styx marchaient à ses côtés.

ÉGISTHE.

Qui ! vous ?… Qu’osiez- vous faire en ces lieux écartés ?

ORESTE.

J’allais, comme la reine, implorer la clémence De ces mîines sanglants (jui demandent vengeance. Le sang qu’on a versé doit s’expier, seigneur.

CLVTEMNESTRE.

Chaque mot est un trait enfoncé dans mon cœur. Éloignez de mes yeux cet assassin d’Oreste.

ORESTE.

Cet Oreste, dit-on, dut vous être funeste : On disait que proscrit, errant, et malheureux, De haïr une mère il eut le droit all’reux.