U2 ORESTE.
Pardonnez pour jamais mes vains emportements, D’une douleur sans borne ellet inévitable ; Hélas ! dans les tourments la plainte est excusable. Pour ces deux étrangers laissez-vous attendrir : Peut-être que dans eux le ciel vous daigne offrir La seule occasion d’expier des offenses Dont vous avez tant craint les terribles vengeances ; Peut-être, en les sauvant, tout peut se réparer.
CLYTEMN’ESTRE.
Quel intérêt pour eux vous peut donc inspirer ?
ELECTRE.
Vous voyez que les dieux ont respecté leur vie ;
Il§ les ont arrachés à la mer en furie ;
Le ciel vous les confie, et vous répondez d’eux.
L’un d’eux… si vous saviez… tous deux sont malheureux.
Sommes-nous dans Argos, ou bien dans la Tauride,
Où de meurtres sacrés une prêtresse avide
Du sang des étrangers fait fumer son autel ?
Eh bien ! pour les ravir tous deux au coup mortel.
Que faut-il ? Ordonnez, j’épouserai IMisténe ;
Parlez, j’embrasserai cette effroyable chaîne :
! \Ia mort suivra l’hymen ; mais je veux l’achever :
J’obéis, j’y consens.
CLYTEMNESTRE.
Voulez-vous me braver ? Ou bien ignorez-vous qu’une main ennemie Du malheureux Plistène a terminé la vie ?
ELECTRE.
Quoi donc ! le ciel est juste ! Egisthe perd un fils ?
CLYTEMNESTRE.
De joie à ce discours je vois vos sens saisis !
ELECTRE.
Ah ! dans le désespoir où mon âme se noie,
Mon cœur ne peut goûter une funeste joie ;
Non, je n’insulte point au sort d’un malheureux.
Et le sang innocent n’est pas ce que je veux.
Sauvez ces étrangers ; mon âme intimidée
Ne voit point d’autre objet, et n’a point d’autre idée.
CLYTEMNESTRE.
Va, je t’entends trop bien ; tu m’as trop confirmé Les soupçons dont Égisthe était tant alarmé. Ta bouche est de mon sort l’interprète funeste ;