Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE V, SCÈNE II. 145

Ce sang prêt à couler parle à ses sens surpris, Épouvantés d’horreur, et d’amour attendris. J’observais sur son front tout l’elTort d’une mère Qui tremble de parler, et qui craint de se taire. Elle défend les jours de ces infortunés, Destinés au trépas sitôt que soupçonnés ; Aux fureurs d’un époux à peine elle résiste ; Elle retient le bras de l’implacable Égisthe. Croyez-moi, si son fils avait été nommé, Le crime, le malheur, eût été consommé. Oreste n’était plus.

ELECTRE.

comble de misère ! Je le trahis peut-être en implorant ma mère. Son trouble irritera ce monstre furieux, La nature en tout temps est funeste en ces lieux. Je crains également sa voix et son silence. Mais le péril croissait ; j’étais sans espérance. Que fait Painmène ?

IPHISE.

Il a, dans nos dangers pressants, Ranimé la lenteur de ses débiles ans ; L’infortune lui donne une force nouvelle ; Il parle à nos amis, il excite leur zèle ; Ceux même dont Égisthe est toujours entouré À ce grand nom d’Oreste ont déjà murmuré. J’ai vu de vieux soldats, qui servaient sous le père, S’attendrir sur le fils, et frémir de colère : Tant aux cœurs des humains la justice et les lois Même aux plus endurcis font entendre leur voix !

ELECTRE.

(Irands dieux ! si j’avais pu dans ces âmes tremblantes

Enllammer leurs vertus à peine renaissantes.

Jeter dans leurs esprits, trop faiblement touchés,

Tous ces emportements qu’on m’a tant reprochés !

Si mon frère, abordé sur cette terre impie.

M’eût confié plus tôt le secret de sa vie !

•>i du moins jusqu’au bout Pammène avait tenté…

V. — T IIÉATHE. IV. 10