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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/225

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Rien n’est si dangereux que César qu’on irrite ;
C’est un lion qui dort, et que ma voix excite.
Je veux que Cicéron réveille son courroux,
Et force ce grand homme à combattre pour nous.

CETHEGUS.

Mais Nonnius enfin dans Préneste est le maître ;
Il aime la patrie, et tu dois le connaître :
Tes soins pour le tenter ont été superflus.
Que faut-il décider du sort de Nonnius ?

CATILINA.

Je t’entends ; tu sais trop que sa fille m’est chère.
Ami, j’aime Aurélie en détestant son père.
Quand il sut que sa fille avait conçu pour moi
Ce tendre sentiment qui la tient sous ma loi ;
Quand sa haine impuissante, et sa colère vaine,
Eurent tenté sans fruit de briser notre chaîne ;
A cet hymen secret quand il a consenti,
Sa faiblesse a tremblé d’offenser son parti.
Il a craint Cicéron ; mais mon heureuse adresse
Avance mes desseins par sa propre faiblesse.
J’ai moi-même exigé, par un serment sacré,
Que ce nœud clandestin fût encore ignoré.
Céthégus et Sura sont seuls dépositaires
De ce secret utile à nos sanglants mystères.
Le palais d’Aurélie au temple nous conduit ;
C’est là qu’en sûreté j’ai moi-même introduit
Les armes, les flambeaux, l’appareil du carnage.
De nos vastes succès mon hymen est le gage.
Vous m’avez bien servi ; l’amour m’a servi mieux.
C’est chez Nonnius même, à l’aspect de ses dieux,
Sous les murs du sénat, sous sa voûte sacrée,
Que de tous nos tyrans la mort est préparée.
(aux conjurés qui sont dans le fond)
Vous, courez dans Préneste, où nos amis secrets
Ont du nom de César voilé nos intérêts ;
Que Nonnius surpris ne puisse se défendre.
Vous, près du Capitole, allez soudain vous rendre.
Songez qui vous servez, et gardez vos serments.

(à Céthégus)

Toi, conduis d’un coup d’œil tous ces grands mouvements.