Le sage, qui l’attend, la reçoit sans regrets[1]
Quels sont en me parlant vos sentiments secrets ?
Vous baissez vos regards, vos cheveux se hérissent,
Vous pâlissez, vos yeux de larmes se remplissent :
Mon cœur répond au vôtre ; il sent tous vos tourments.
Mais que résolvez-vous ?
Auprès de cet enfant, allez, daignez m’attendre.
Mes prières, mes cris, pourront-ils le défendre ?
Scène VI.
Seigneur, votre pitié ne peut le conserver.
Ne songez qu’à l’état, que sa mort peut sauver :
Pour le salut du peuple il faut bien qu’il périsse[2].
Oui… je vois qu’il faut faire un triste sacrifice.
Écoute : cet empire est-il cher à tes yeux ?
Reconnais-tu ce dieu de la terre et des cieux,
Ce dieu que sans mélange annonçaient nos ancêtres,
Méconnu par le bonze, insulté par nos maîtres ?
Dans nos communs malheurs il est mon seul appui :
Je pleure la patrie, et n’espère qu’en lui.
Jure ici par son nom, par sa toute-puissance,
- ↑ Catilina, dans la pièce de Crébillon, dit :
· · · · · · · · · · La mort n’est qu’un instant
Que le grand cœur défie, et que le lâche attend.
C’est un soldat romain qui se donne la mort pour se dérober au supplice : Zamti est un philosophe chinois résigné à la mort. (K.) - ↑ Expedit unum hominem mori pro populo.
Jean… 18, 14.