Nous leur obéissons en tout temps, en tout âge.
Cet empire détruit, qui dut être immortel,
Seigneur, était fondé sur le droit paternel,
Sur la foi de l’hymen, sur l’honneur, la justice,
Le respect des serments ; et, s’il faut qu’il périsse,
Si le sort l’abandonne à vos heureux forfaits,
L’esprit qui l’anima ne périra jamais.
Vos destins sont changés ; mais le mien ne peut l’être.
Quoi ! Vous m’auriez aimé !
Que ce serait encore une raison de plus
Pour n’attendre de moi qu’un éternel refus.
Mon hymen est un nœud formé par le ciel même :
Mon époux m’est sacré : je dirai plus, je l’aime.
Je le préfère à vous, au trône, à vos grandeurs.
Pardonnez mon aveu ; mais respectez nos mœurs.
Ne pensez pas non plus que je mette ma gloire
À remporter sur vous cette illustre victoire,
À braver un vainqueur, à tirer vanité
De ces justes refus qui ne m’ont point coûté :
Je remplis mon devoir, et je me rends justice ;
Je ne fais point valoir un pareil sacrifice.
Portez ailleurs les dons que vous me proposez,
Détachez-vous d’un cœur qui les a méprisés ;
Et, puisqu’il faut toujours qu’Idamé vous implore,
Permettez qu’à jamais mon époux les ignore.
De ce faible triomphe il serait moins flatté
Qu’indigné de l’outrage à ma fidélité.
Il sait mes sentiments, madame ; il faut les suivre :
Il s’y conformera s’il aime encore à vivre.
Il en est incapable ; et si dans les tourments
La douleur égarait ses nobles sentiments,
Si son âme vaincue avait quelque mollesse,
Mon devoir et ma foi soutiendraient sa faiblesse ;
De son cœur chancelant je deviendrais l’appui
En attestant des nœuds déshonorés par lui.
Ce que je viens d’entendre, ô dieux ! Est-il croyable ?