Vous favorise, et noblement vous donne
Un domestique, un rustre pour époux ;
Moi, j'en sais un moins indigne de vous :
Il est d'un rang fort au-dessus de Blaise,
Jeune, honnête homme ; il est fort à son aise :
Je vous réponds qu'il a des sentiments :
Son caractère est loin des moeurs du temps ;
Et je me trompe, ou pour vous j'envisage
Un destin doux, un excellent ménage.
Un tel parti flatte-t-il votre coeur ?
Vaut-il pas bien le couvent ?
Non, monsieur...
Ce nouveau bien que vous daignez me faire,
Je l'avouerai, ne peut me satisfaire.
Vous pénétrez mon coeur reconnaissant :
Daignez y lire, et voyez ce qu'il sent ;
Voyez sur quoi ma retraite se fonde.
Un jardinier, un monarque du monde,
Qui pour époux s'offriraient à mes voeux,
Également me déplairaient tous deux.
Vous décidez mon sort. Eh bien Nanine !
Connaissez donc celui qu'on vous destine :
Vous l'estimez ; il est sous votre loi ;
Il vous adore, et cet époux... c'est moi.
A part,
L'étonnement, le trouble l'a saisie.
A Nanine
Ah ! Parlez-moi ; disposez de ma vie ;
Ah ! Reprenez vos sens trop agités.
Qu'ai-je entendu ?
Ce que vous méritez.
Quoi ! Vous m'aimez ? Ah ! Gardez-vous de croire
Que j'ose user d'une telle victoire.
Non, monsieur, non, je ne souffrirai pas
Qu'ainsi pour moi vous descendiez si bas :
Un tel hymen est toujours trop funeste ;
Le goût se passe, et le repentir reste.