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ACTE CINQUIÈME.





Scène I.


LINDANE, FREEPORT, FABRICE.

FABRICE.

Cela perce le cœur, mademoiselle : Polly fait votre paquet, vous nous quittez.

LINDANE.

Mon cher hôte, et vous, monsieur, à qui je dois tant, vous qui avez déployé un caractère si généreux, car on m’a dit ce que vous avez fait pour moi, vous ne me laissez que la douleur de ne pouvoir reconnaître vos bienfaits ; mais je ne vous oublierai de ma vie.

FREEPORT.

Qu’est-ce donc que tout cela ? qu’est-ce que c’est que ça ? qu’est-ce que ça ? Si vous êtes contente de nous, il ne faut point vous en aller : est-ce que vous craignez quelque chose ? Vous avez tort ; une fille n’a rien à craindre.

FABRICE.

Monsieur Freeport, ce vieux gentilhomme qui est de son pays fait aussi son paquet. Mademoiselle pleurait, et ce monsieur pleurait aussi, et ils partent ensemble. Je pleure aussi en vous parlant.

FREEPORT.

Je n’ai pleuré de ma vie : fi ! que cela est sot de pleurer ! les yeux n’ont point été donnés à l’homme pour cette besogne. Je suis affligé, je ne le cache pas ; et quoiqu’elle soit fière, comme je le lui ai dit, elle est si honnête qu’on est fâché de la perdre. Je veux que vous m’écriviez, si vous vous en allez, mademoiselle : je vous ferai toujours du bien… Nous nous retrouverons peut-être un jour, que sait-on ? Ne manquez pas de m’écrire… n’y manquez pas.