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ACTE V, SCÈNE V. 557

Des Roland, des Lisois, dont il est descendu.

Venez de mille mains couronner sa vertu,

Venez voir ce triomphe, et recevoir l’hommage

Que vous avez de lui trop longtemps attendu.

Tout vous rit, tout vous sert, tout venge votre outrage ;

Et Tancrède à vos vœux est pour jamais rendu.

AMÉNAÏDE.

Ah ! je respire enfin ; mon cœur connaît la joie. Ah ! mon père, adorons le ciel qui me renvoie, Par ces coups inouïs, tout ce que j’ai perdu. De combien de tourments sa bonté nous délivre ! Ce n’est qu’en ce moment que je commence à vivre. Mon bonheur est au comble ; hélas ! il m’est bien dû. Je veux tout oublier ; pardonnez-moi mes plaintes, Mes reproches amers et mes frivoles craintes. Oppresseurs de Tancrède, ennemis, citoyens, Soyez tous à ses pieds, il va tomber aux miens.

ARGIRE.

Oui, le ciel pour jamais daigne essuyer nos larmes.

Je me trompe, ou je vois le fidèle Aldamon,

Qui suivait seul Tancrède et secondait ses armes ;

C’est lui, c’est ce guerrier si cher à ma maison.

De nos prospérités la nouvelle est certaine :

Mais d’où vient que vers nous il se traîne avec peine ?

Est-il blessé ? Ses yeux annoncent la douleur.

SCÈNE y\

ARGIRE, AMÉNAÏDE, ALDAMON, FANIE.

AMÉNAÏDE.

Parlez, cher Aldamon, Tancrède est donc vainqueur ?

ALDAMON.

Sans doute il l’est, madame.

AMÉNAÏDE.

À ces chants d’allégresse, À ces voix que j’entends, il s’avance en ces lieux ?

ALDAMON.

Ces chants vont se changer en des cris de tristesse.

1. Voltaire comptait beaucoup sur l’effet de ces deux dernières scènes.