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MICHOL.

C’est cette malheureuse boucherie d'Agag qui lui a donné des vapeurs ; dérobons-nous à sa furie.


Scène VII

SAÜL, BAZA.
SAÜL.

Mes capitaines, allez m’attendre ; Baza, demeurez : vous me voyez dans un mortel embarras ; j’ai mes vapeurs, il faut combattre : nous avons de puissants ennemis ; ils sont derrière la montagne de Gelboé[1] ; je voudrais bien savoir quelle sera l’issue de cette bataille.

BAZA.

Eh, seigneur ! il n’y a rien de plus aisé ; n’êtes-vous pas prophète tout comme un autre ? N’avez-vous pas même des vapeurs qui sont un véritable avant-coureur des prophéties ?

SAÜL.

Il est vrai, mais depuis quelque temps le Seigneur ne me répond plus[2] ; je ne sais ce que j’ai fait : as-tu fait venir la pythonisse d’Endor[3] ?

BAZA.

Oui, mon maître ; mais croyez-vous que le Seigneur lui réponde plutôt qu’à vous ?

SAUL.

Oui, sans doute, car elle a un esprit de Python[4].

BAZA.

Un esprit de Python, mon maître ! quelle espèce est cela ?

SAÜL.

Ma foi, je n’en sais rien ; mais on dit que c’est une femme fort habile : j’aurais envie de consulter l’ombre de Samuel[5]

BAZA.

Vous feriez bien mieux de vous mettre à la tète de vos troupes : comment consulte-t-on une ombre ?

  1. Rois, 1, chap. xxviii, verset 4.
  2. Rois, I, chap. xvi, verset 14.
  3. Rois, I, chap. xxviii, verset 7.
  4. Rois, I, chap. [[rom|xxviii|28}}, verset 1.
  5. Rois, I, chap. xxviii, verset 8.