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AVERTISSEMENT. 75

« seau… ? — Le petit Rousseau… * » Voltaire ne réflCchi.s.sail [las qu’il empê- chait le spectacle, et sans doute était-il loin d’avoir fini, lorsqu’une grande femme à l’air viril, se dressant de toute sa hauteur, lui dit d’une voix de stentor : « Si vous ne vous taisez pas, je vais vous donner un soufTlet ; » ce qui le mit en fuite, et fit rire toute la salle, dette virago, habituée dans son ménage à parler sur ce ton, était l’hommasse M""" Le Bas, la femme du célèbre graveur, qui, du reste, n’était point inconnue à notre poëte. »

Il y a de l’exagération sans doute dans tout ce que raconte Collé de la conduite de Voltaire en cetta circonstance, mais il y a aussi une part de vérité. La lutte était des plus vives. Voltaire l’avait dit à d’Argental : « Je sais bien ([ue je fais la guerre, et je la veux faire ouvertement. Loin de me proposer des embuscades de nuit, armez-vous, je vous en prie, pour des batailles rangées, et faites-moi des troupes, enrôlez-moi des soldats, créez des officiers… 2 »

Aucune autre pièce de Voltaire ne souleva, d’autre part, plus de railleries, d’épigrammes, de quolibets, de turlupina des. L’historiette de Polichinelle, que nous avons racontée à propos de Mérope^, fut renouvelée avec aggravation. Oresle, dans sa nouveauté, eut neuf représentations, la dernière le 7 février 1750.

Remis au théâtre en 1762, Orefile obtint un succès complet, grâce surtout à la manière supérieure dont M^ Clairon interpréta alors le rôle d’Electre. Cette tragédie disparut ensuite de la scène pendant plus de vingt ans. M"" Vestris^ qui remplaça M"*" Clairon, fit de vains efforts pour obtenir qu’on reprit cette pièce. Brizard, qui avait un rôle brillant dans Palamède [à’ Electre) et un médiocre dans Pammène (d’Ores/e), écarta obstinément la reprise d’Ores/e. Ores/e toutefois fut joué pour quelques débuts, entre autres pour celui de M"’^ Raucourt, et toujours avec succès. L’oeuvre de Voltaire eut, comme la plupart de ses pièces, une sorte de renouveau après la Révolution. « L’efllèt du théâtre, dit Laharpe, a confirmé par degrés une justice d’abord refusée ; et, dans les dernières représentations di’Oresle, toutes les beautés en ont été vivement senties^ et l’impression en a été beaucoup plus grande que n’est depuis longtemps celle à’ Electre. »

1. On désignait sous ce nom Pierre Uoiisseau, auteur de plusieurs comédies.

2. Lettre du 23 août 174’J.

3. Voyez Théâtre, tome III, page iîi, note 2.