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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/88

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AVIS AU LECTEUR

L’auteur des ouvrages qu’on trouvera dans ce volume[1] se croit obligé d’avertir encore[2] les gens de lettres, et tous ceux qui se forment des cabinets de livres, que de toutes les éditions faites jusqu’ici, en Hollande et ailleurs, de ses prétendues Œuvres, il n’y en a pas une seule qui mérite la moindre attention, et qu’elles sont toutes remplies de pièces supposées ou défigurées.

Il n’y a guère d’années qu’on ne débite sous son nom des ouvrages qu’il n’a jamais vus ; et il apprend qu’il n’y a guère de mois où l’on ne lui impute dans les Mercures quelque pièce fugitive qu’il ne connaît pas davantage. Il se flatte que les lecteurs judicieux ne feront pas plus de cas de ces imputations continuelles que des critiques passionnées dont il entend dire qu’on remplit les ouvrages périodiques.

Il ne fera plus qu’une seule réflexion sur ces critiques : c’est que, depuis les Observations de l’Académie sur le Cid, il n’y a pas eu une seule pièce de théâtre qui n’ait été critiquée, et qu’il n’y en a pas eu une seule qui l’ait bien été. Les Observations de l’Académie sont, depuis plus de cent ans, la seule critique raisonnable qui ait paru, et la seule qui puisse passer à la postérité. La raison en est qu’elle fut composée avec beaucoup de temps et de soin par des hommes capables de juger, et qui jugeaient sans partialité.




  1. Cet Avis au lecteur avait été mis en tête d’un volume intitulé : Oreste, tragédie, 1750, in-12, qui contenait aussi Samson (voyez Théâtre, tome II, page 1), les chapitres ii et iii Sur les mensonges imprimés, et la lettre à Schulembourg, du 15 septembre 174O. (B.)
  2. Voyez la préface de Nanine, page 5.