Où de nos attentats la mémoire passée
Revient avec horreur effrayer la pensée.
* Oubliez, croyez-moi, des meurtres expiés[1] ;
* Mais que nos intérêts ne soient point oubliés
* Si quelque repentir trouble encor votre vie,
* Repentez-vous surtout d’abandonner l’Asie
* À l’insolente loi du traître Antiochus.
* Que mes braves guerriers et vos Grecs invaincus
* Une seconde fois fassent trembler l’Euphrate :
* De tous ces nouveaux rois dont la grandeur éclate
* Nul n’est digne de l’être, et dans ses premiers ans
* N’a servi, comme nous, le vainqueur des Persans.
* Tous nos chefs ont péri.
* Dieu les immola tous aux mânes de leur maître.
Nous restons, nous vivons, nous devons rétablir
Ces débris tout sanglants qu’il nous faut recueillir :
Alexandre, en mourant, les laissait au plus digne ;
Si j’ose les saisir, son ordre me désigne.
Assurez ma fortune ainsi que votre sort :
Le plus digne de tous, sans doute, est le plus fort.
Relevons de nos Grecs la puissance détruite ;
Que jamais parmi nous la discorde introduite
Ne nous expose en proie à ces tyrans nouveaux,
Eux qui n’étaient pas nés pour marcher nos égaux.
Me le promettez-vous ?
Je suis prêt à venger notre commune injure.
Le sceptre de l’Asie est en d’indignes mains,
Et l’Euphrate et le Nil ont trop de souverains :
Je combattrai pour moi, pour vous, et pour la Grèce.
J’en crois votre intérêt ; j’en crois votre promesse ;
Et surtout je me fie à la noble amitié
Dont le nœud respectable avec vous m’a lié.
- ↑ Les vers précédés d’une étoile étaient supprimés à la représentation.