Grand Dieu ! J’ai vu périr mon époux et mon père ;
Tu m’arrachas ma fille, et ton ordre inhumain
Me la fait retrouver pour mourir de sa main !
Je me jette à vos pieds…
Fille trop chère !…
Tremblante à vos genoux, je les baigne de pleurs.
Ma mère, pardonnez.
Je pardonne… et je meurs.
Vivez, écoutez-moi.
Que veux-tu ?
Par les dieux, par mon nom, par vous, par la nature,
Que je m’en punirai, qu’Olympie aujourd’hui
Répandra tout son sang avant que d’être à lui.
Mon cœur vous est connu. Je vous ai dit que j’aime ;
Jugez par ma faiblesse, et par cet aveu même,
Si ce cœur est à vous, et si vous l’emportez
Sur mes sens éperdus que l’amour a domptés.
Ne considérez point ma faiblesse et mon âge ;
De mon père et de vous je me sens le courage :
J’ai pu les offenser, je ne peux les trahir ;
Et vous me connaîtrez en me voyant mourir.
Tu peux mourir, dis-tu, fille inhumaine et chère,
Et tu ne peux haïr l’assassin de ton père !
Arrachez-moi ce cœur ; vous verrez qu’un époux,
Quelque cher qu’il me fût, y régnait moins que vous ;
Vous y reconnaîtrez ce pur sang qui m’anime.
Pour me justifier prenez votre victime,
Immolez votre fille.
Ah ! J’en crois tes vertus ;