Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/27

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Je voudrais bien te donner cette fille ;
Mais je ne puis établir ma famille
Sans monseigneur ; je vis de ses bontés.
Je lui dois tout ; j’attends ses volontés :
Sans son aveu nous ne pouvons rien faire.

ACANTHE.

Ah ! croyez-vous qu’il le donne, mon père ?

COLETTE.

Eh bien ! fripon, tu crois que tu l’auras ?
Moi, je te dis que tu ne l’auras pas.

MATHURIN.
Tout le monde est contre moi : ca m’irrite.

Scène V.

les précédents, BERTHE.
MATHURIN, à Berthe, qui arrive.

Ma belle-mère, arrivez, venez vite.
Vous n’êtes plus la maîtresse au logis.
Chacun rebèque ; et je vous avertis
Que si la chose en cet état demeure,
Si je ne suis marié tout à l’heure,
Je ne le serai point ; tout est fini,
Tout est rompu.

BERTHE.

Tout est rompu.Oui m’a désobéi ?
Qui contredit, s’il vous plaît, quand j’ordonne ?
Serait-ce vous, mon mari ? vous ?

DIGNANT.

Serait-ce vous, mon mari ? vous ?Personne,
Nous n’avons garde ; et Mathurin veut bien
Prendre ma fille à peu près avec rien :
J’en suis content, et je dois me promettre
Que monseigneur daignera le permettre.

BERTHE.

Allez, allez, épargnez-vous ce soin ;
C’est de moi seule ici qu’on a besoin ;
Et quand la chose une fois sera faite,
Il faudra bien, ma foi, qu’il la permette.