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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/271

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AVERTISSEMENT

POUR LA PRÉSENTE ÉDITION.

Voltaire, après avoir composé les Scythes, est, comme toujours, dans l’enchantement de son œuvre. Il écrit à d’Argental (20 novembre 1766) : « Maman Denis et un des acteurs de notre petit théâtre de Ferney, fou du tripot et difficile (c’est sans doute lui-même), disent qu’il n’y a plus rien à faire, que tout dépendra du jeu des comédiens ; qu’ils doivent jouer les Sojthes comme ils ont joué le Philosophe sans le savoir, et que les Scythes doivent faire le plus grand effet si les acteurs ne jouent ni froidement ni à contre-sens. Maman Denis et mon vieux comédien de Ferney assurent qu’il n’y a pas un seul rôle dans la pièce qui ne puisse faire valoir son homme. Le contraste qui anime la pièce d’un bout à l’autre doit servir la déclamation, et prête beaucoup au jeu muet, aux attitudes théâtrales, à toutes les expressions d’un tableau vivant. » Il écrit à Damilaville (17 décembre 1766) : « Elle’Ja nouvelle pièce) est intitulée les Scythes. C’est une opposition continuelle des mœurs d’un peuple libre aux mœurs dos courtisans. M"’* Denis et tous ceux qui l’ont lue ont pleuré et frémi. »

Malgré la bonne opinion de leur auteur, les Scythes ne réussirent pas à Paris. Voltaire s’en plaint dans sa correspondance : « On dit qu’il y a eu beaucoup de bruit à la première représentation des Scythes, et qu’il y avait dans le parterre des barbares qui n’ont eu nulle pitié de la vieillesse, i) Il se résigne malaisément à cette chute. Il insiste po>ir avoir encore une ou deux représentations à la réouverture après Pâques : « Je vous assure, mande-t-il à d’Argental, que le second acte, récité par M’"* Laharpe, arrache des larmes. Soyez bien persuadé que si la scène du troisième acte entre Athamare et Obéide était bien jouée, elle ferait une très-vive impression. »

II dit au sujet de M" Durancy, qui avait créé le rôle d’Obéide à Paris : « Vous me faites bien du plaisir, mon cher ange, de me dire que M ’• Durancy a enfin saisi l’esprit de son rôle et qu’elle a très-bien joué ; mais je doute qu’elle ait pleuré, et c’est là l’essentiel. M""" Laharpe pleure. « 

D’autre part, si l’on s’en rapporte à ce qu’il écrit au roi de Prusse (o avril 1767), il prend.son parti et passe condamnation : « Les Scythes sont un ouvrage fort médiocre. Ce sont plutôt les petits cantons suisses et un marquis français que les Scythes et un prince persan. Thiériot aura l’honneur d’envoyer de Paris cette rapsodie à Votre Majesté. »