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ACTE DEUXIÈME.



Scène I.[1]


LE BAILLIF, PHLIPE, son valet ; ensuite COLETTE.
LE BAILLIF.


Ma robe, allons… du respect… vite, Phlipe.
C’est en baillif qu’il faut que je m’équipe :
J’ai des clients qu’il faut expédier.
Je suis baillif, je te fais mon huissier.
Amène-moi Colette à l’audience.

(Il s’assied devant une table, et feuillette un grand livre.)

L’affaire est grave, et de grande importance.
De matrimnio… chapitre deux.
Empêchements… Ces cas-là sont véreux ;
Il faut savoir de la jurisprudence.

(À Colette.)

Approchez-vous… faites la révérence,
Colette : il faut d’abord dire son nom.

COLETTE.


Vous l’avez dit, je suis Colette.

LE BAILLIF, écrivant.


Vous l’avez dit, je suis Colette. Bon.
Colette… il faut dire ensuite son âge.
N’avez-vous pas trente ans, et davantage ?

COLETTE.


Fi donc, monsieur ! j’ai vingt ans, tout au plus.

LE BAILLIF, écrivant.


Çà, vingt ans passe : ils sont bien révolus ?

  1. La lettre à Damilaville, du 15 juin 1761, donne à penser que cette scène a été retouchée par Voltaire, et qu’il a, comme il le dit, adouci l’interrogatoire. (B.) — Voyez la note de la page 26.