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ACTE I


Scène I

Ninon, Le Jeune Gourville.
LE JEUNE GOURVILLE.

Ainsi, belle Ninon, votre philosophie
Pardonne à mes défauts, et souffre ma folie.
De ce jeune étourdi vous daignez prendre soin.
Vous êtes tolérante, et j’en ai grand besoin.

NINON.

J’aime assez, cher Gourville, à former la jeunesse.
Le fils de mon ami vivement m’intéresse ;
Je touche à mon hiver, et c’est mon passe-temps
De cultiver en vous les fleurs d’un beau printemps.
N’étant plus bonne à rien désormais pour moi-même,
Je suis pour le conseil ; voilà tout ce que j’aime :
Mais la sévérité ne me va point du tout.
Hélas ! on sait assez que ce n’est point mon goût.
L’indulgence à jamais doit être mon partage ;
J’en eus un peu besoin quand j’étais à votre âge.
Eh bien ! vous aimez donc cette petite Agnant ?


LE JEUNE GOURVILLE.

Oui, ma belle Ninon.

NINON.

C’est une aimable enfant ;
Sa mère quelquefois dans la maison l’amène.
J’ai l’œil bon ; j’ai prévu de loin votre fredaine.