Va, je te jure
Que les honneurs chez moi ne changent point les mœurs ;
Je t’aime, et je ne puis être contente ailleurs.
Allons, il faudra donc se résoudre d’attendre.
Et quel est ce monsieur que madame va prendre ?
La peste ! c’est un homme extrêmement puissant,
Marguillier de paroisse, ayant beaucoup d’argent ;
Sur son large visage on voit tout son mérite ;
Homme de bon conseil, et qui souvent hérite
Des gens qui ne sont pas seulement ses parents.
Il a toujours, dit-on, vécu de ses talents ;
Il est le directeur de plus de vingt familles :
Il peut faire aisément beaucoup de bien aux filles.
C’est ce monsieur Garant qui vient dans la maison.
Bon ! l’on m’a dit à moi qu’il est gueux et fripon.
Eh bien ! que fait cela ? Cette friponnerie
N’empêche pas, je crois, qu’un homme se marie.
Il m’a promis beaucoup.
Plus qu’il ne te tiendra…
Quoi ! c’est lui qu’aujourd’hui madame épousera ?
Rien n’est plus vrai, Picard.
C’est lui que madame aime ?
Je n’en saurais douter.
Qui te l’a dit ?
Lui-même.
J’ai de plus entendu des mots de leurs discours ;
Picard, ils se juraient d’éternelles amours.
Pour revenir bientôt ce monsieur l’a quittée ;
Et madame aussitôt en carrosse est montée.
Mon Dieu, comme en amour on va vite à présent !