Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/448

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L’AVOCAT PLACET.

Au barreau du palais,
Depuis deux ans, je plaide avec quelque succès.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Contre madame Aubert plaidez donc, je vous prie,
Et vengez-moi, monsieur, de sa friponnerie.

L’AVOCAT PLACET.

Je ferai tout pour vous. Vous pouvez, au parquet,
Vous informer du nom de l’avocat Placet.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Si vous voulez, monsieur, vous charger de ma cause…

L’AVOCAT PLACET.

Vous devez être instruit…

GOURVILLE L’AÎNÉ.

En deux mots je l’expose.

L’AVOCAT PLACET.

J’ai dès longtemps en vue un établissement,
Et j’avais pourchassé Claire-Sophie Agnant ;
Pour elle vous savez, monsieur, quelle est ma flamme.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Non ; mais un avocat fait bien de prendre femme
Pour se désennuyer quand il a travaillé.

L’AVOCAT PLACET.

Vous me privez d’icelle ; et vous m’avez baillé,
Par vos productions, bien de la tablature.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Qui ? moi, monsieur ?

L’AVOCAT PLACET.

Vous-même ; et votre procédure
Par madame sa mère est remise en mes mains :
On a surpris, monsieur, vos papiers clandestins,
Vos missives d’amour, et tous vos beaux mystères,
Colorés d’un vernis de maximes austères ;
À nos yeux clairvoyants le poison s’est montré.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Je veux être pendu, je veux être enterré,
Si j’ai jamais écrit à cette demoiselle,
Et si j’ai pu sentir le moindre goût pour elle !

L’AVOCAT PLACET.

On renia toujours, monsieur, les vilains cas ;
Mademoiselle Agnant ne vous ressemble pas,
Elle a tout avoué.