Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/471

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Scène II

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Ninon, Lisette, Picard}
LISETTE.

Ah ! Picard, quels bienfaits !

En montrant la bourse.

Vois-tu cela ?

PICARD.

Madame, il faut d’abord vous dire
Que mon bonheur est grand… et que je ne désire
Rien plus… sinon qu’il dure… et que Lisette et moi
Nous sommes obligés… Mais aide-moi donc, toi ;
Je ne sais point parler.

NINON.

J’aime ton éloquence,
Picard, et je me plais à ta reconnaissance.

PICARD.

Ah ! Madame, à vos pieds ici nous devons tous…

NINON.

Nous devons rendre heureux quiconque est près de nous.
Pour ceux qui sont trop loin, ce n’est pas notre affaire.
Çà, notre ami Picard, il faut ne me rien taire
De ce qu’on fait chez moi, tandis qu’en liberté
J’ai choisi, loin du bruit, cet endroit écarté[1].

PICARD.

D’abord un homme noir raisonne et gesticule
Avec monsieur Garant ; et les mots de scrupule,
De probité, d’honneur, de raisons, de devoirs,
M’ont saisi de respect pour ces deux manteaux noirs.
L’un dicte, l’autre écrit, disant qu’il instrumente
Pour le faire bien riche, et vous rendre contente,
Et qu’il fait un contrat.

NINON.

Oui, c’est l’intention
De ce monsieur Garant si plein d’affection.

  1. Molière a dit dans le Misanthrope, acte V, scène viii :
    Un endroit écarté
    Où d’être homme d’honneur on ait la Liberté.