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ACTE TROISIÈME.



Scène I.


LE MARQUIS, LE CHEVALIER.

LE MARQUIS.

Cher chevalier, que mon cœur est en paix !
Que mes regards sont ici satisfaits !
Que ce château qu’ont habité nos pères,
Que ces forêts, ces plaines, me sont chères !
Que je voudrais oublier pour toujours
L’illusion, les manèges des cours !
Tous ces grands riens, ces pompeuses chimères,
Ces vanités, ces ombres passagères,
Au fond du cœur laissent un vide affreux.
C’est avec nous que nous sommes heureux.
Dans ce grand monde, où chacun veut paraître,
On est esclave, et chez moi je suis maître.
Que je voudrais que vous eussiez mon goût !

LE CHEVALIER.

Eh ! oui, l’on peut se réjouir partout,
En garnison, à la cour, à la guerre,
Longtemps en ville, et huit jours dans sa terre.

LE MARQUIS.

Que vous et moi nous sommes différents !

LE CHEVALIER.

Nous changerons peut-être avec le temps.
En attendant, vous savez qu’on apprête
Pour ce jour même une très-belle fête ;
C’est une noce.

LE MAROUIS.

C’est une noce. Oui, Mathurin vraiment
Fait un beau choix, et mon consentement
Est tout acquis à ce doux mariage ;