Arzame, dites-vous, a dans le plus bas rang
Obscurément puisé la source de son sang ;
Avons-nous des aïeux dont les fronts en rougissent ?
Ses grâces, sa vertu, son péril, l’ennoblissent.
Dégagez vos serments, pressez ce nœud sacré.
Le fils d’un Scipion s’en croirait honoré.
Ce n’est point là sans doute un hymen ordinaire,
Enfant de l’intérêt et d’un amour vulgaire ;
La magnanimité forme ces sacrés noeuds,
Ils consolent la terre, ils sont bénis des cieux ;
Le fanatisme en tremble : arrachez à sa rage
L’objet, le digne objet de votre juste hommage.
Eh bien ! Préparez tout pour ce nœud solennel,
Les témoins, le festin, les présents, et l’autel ;
Je veux qu’il s’accomplisse aux yeux des tyrans même
Dont la voix infernale insulte à ce que j’aime.
À des suivants.
Qu’on la fasse venir… Mon frère, demeurez,
Digne et premier témoin de mes serments sacrés.
La voici.
Son aspect déjà vous justifie.
Scène II
Arzame, c’est à vous que mon cœur sacrifie ;
Ce cœur, qui ne s’ouvrait qu’à la compassion,
Repoussait loin de vous la persécution.
Contre vos ennemis l’équité se soulève :