Lui !
Tremble de le voir.
Pourquoi m’en détourner ?
Ton fils, ton propre fils vient de l’assassiner.
Ô soleil, ô mon dieu ! Soutenez ma vieillesse !
Qui ? Lui ! Ce malheureux, porter sa main traîtresse…
Sur qui ?… Pour un tel crime ai-je pu l’élever !
Vois quel temps tu prenais, rien ne peut le sauver.
Ô comble de l’horreur ! Hélas ! Dans son enfance
J’avais cru de ses sens calmer la violence ;
Il était bon, sensible, ardent ; mais généreux :
Quel démon l’a changé ? Quel crime ! Ah ! Malheureux !
C’est moi qui l’ai perdu, j’en porterai la peine :
Mais que ta mort au moins ne suive point la mienne.
Écarte-toi, te dis-je.
Et qu’ai-je à perdre ? Hélas !
Quelques jours malheureux et voisins du trépas,
Ce soleil, dont mes yeux, appesantis par l’âge,
Aperçoivent à peine une infidèle image,
Ces vains restes d’un sang déjà froid et glacé ?
J’ai vécu, mon ami ; pour moi tout est passé :
Mais avant de mourir je dois parler.
Demeure ;
Respecte d’Iradan la triste et dernière heure.
Infortunés enfants, et que j’ai trop aimés !
J’allais unir vos cœurs l’un pour l’autre formés.
Ne puis-je voir Arzame ?
Hélas ! Arzame implore
La mort dont nos tyrans la menacent encore.