Bientôt l’absence affermira mon âme.
Ah ! pardonnez ; vous étiez là, madame !
Vous paraissez étrangement ému !
Moi ?… point du tout. Vous serez convaincu
Qu’avec sang-froid je règle ma conduite.
De son destin Acanthe est-elle instruite ?
Quel qu’il puisse être, il passe mes souhaits :
Je dépendrai de vous plus que jamais
Permets, ô ciel ! qu’ici je puisse faire
Plus d’un heureux !
Je ferai, moi, tout ce que vous voudrez ;
Je l’ai promis.
Belle Dormène, oubliez-vous l’offense.
L’égarement du coupable Gernance ?
Oui, tout est réparé.
Votre grand nom, vos vertueux appas,
Sont maltraités par l’aveugle fortune.
Je le sais trop ; votre âme non commune
N’a pas de quoi suffire à vos bienfaits ;
Votre destin doit changer désormais.
Si j’avais pu d’un heureux mariage
Choisir pour moi l’agréable esclavage,
C’eût été vous (et je vous l’ai mandé)
Pour qui mon cœur se serait décidé.
Voudriez-vous, madame, qu’à ma place
Le chevalier, pour mieux obtenir grâce,
Pour devenir à jamais vertueux,
Prît avec vous d’indissolubles nœuds ?
Le meilleur frein pour ses mœurs, pour son âge,
Est une épouse aimable, noble, et sage.
Daignerez-vous accepter un château
Environné d’un domaine assez beau ?
Pardonnez-vous cette offre ?
Est si puissante, à tel point me maîtrise,
Que, ne pouvant encor me déclarer,
Je n’ai de voix que pour vous admirer.
J’admire aussi ; mais je fais plus, madame ;
Je vous soumets l’empire de mon âme.