Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/212

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De s’opposer d’un mot à toute nouveauté.

Teucer.

Quel droit !

Mérione.

Quel droit !Notre pouvoir balance ainsi le vôtre ;
Chacun de nos égaux est un frein l’un à l’autre.

Teucer.

Oui, je le sais ; tout noble est tyran tour à tour.

Mérione.

De notre liberté condamnez-vous l’amour ?

Teucer.

Elle a toujours produit le public esclavage.

Mérione.

Nul de nous ne peut rien, s’il lui manque un suffrage.

Teucer.

La discorde éternelle est la loi des crétois.
Seigneur, vous l’approuviez quand de vous on fit choix.

Teucer.

Je la blâmais dès lors ; enfin je la déteste :
Soyez sûr qu’à l’état elle sera funeste.

Mérione.

Au moins, jusqu’à ce jour, elle en fut le soutien :
Mais vous parlez en prince.

Teucer.

Mais vous parlez en prince.En homme, en citoyen ;
Et j’agis en guerrier quand mon honneur l’exige :
À ce dernier parti gardez qu’on ne m’oblige.

Mérione.

Vous pourriez hasarder, dans ces dissensions,
De véritables droits pour des prétentions…
Consultez mieux l’esprit de notre république.

Teucer.

Elle a trop consulté la licence anarchique.

    quelque fumeux conquérant ; peut-être même les puissances voisines s’accorderont-elles à partager nos États » (page 19)). La prédiction vient de s’accomplir : le démembrement de la Pologne est le châtiment de l’anarchie affreuse dans laquelle un roi sage, humain, éclairé, pacifique, a été assassiné dans sa capitale, et n’a échappé à la mort que par un prodige. Il lui reste un royaume plus grand que la France, et qui pourra devenir un jour florissant comme elle vient d’être détruite dans la Suède, et si la liberté peut y subsister avec la royauté. (Note de Voltaire.)