Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/253

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A M. DALHMHliUT. 24 ; j

Ce n’est que pour apprendre à écrire tolérable ment on vers français que nous nous sommes enhardis à offrir col ouvrage à l’Académie en vous le dédiant. J’en ai l’ait imprimer très-peu d’exemplaires S comme dans un ])rocès par écrit on présente à ses juges quelques mémoires imprimés que le public lit i-arement.

Je demande pour le jeune auteur l’arrêt de tous les acadé- miciens qui ont cultivé assidûment notre langue. Je commence par le philosophe inventeur, qui, ayant lait une description si vraie et si éloquente du corps humain, connaît l’homme moral aussi bien qu’il observe l’homme physique-.

Je veux pour juge le philosophe profond qui a percé jusque dans l’origine de nos idées, sans rien perdre de sa sensibilité ^

Je veux pour juge l’auteur du. SVt’^e de Calais^, qui a communiqué son enthousiasme à la nation, et qui, ayant lui-même composé une tragédie de Don Pcdre, doit regarder mon ami comme le sien, et non comme un rival.

Je veux pour juge l’auteur de Spartanis^, qui a vengé l’humanité dans cette pièce remplie de traits dignes du grand Corneille : car la véritable gloire est dans l’approbation des maîtres de l’art. Vous avez dit que rarement un amateur raisonnera de l’art avec autant de lumière qu’un habile artiste" ; pour moi, j’ai toujours vu que les artistes seuls rendaient une exacte justice… quand ils n’étaient pas jaloux.

C’est aux esprits bien faits À voir la vertu pleine en ses moindres effets ; C’est d’eux seuls qu’on reçoit la véritable gloire ’^.

Et je vous avouerai que j’aimerais mieux le seul suffrage de celui qui a ressuscité le style de Racine dans Mêlante, que de me voir applaudi un mois de suite au théâtre ^.

1. On peut croire, d’après cette expression, qu’une première édition de Djn Pèdre ne fut pas mise en vente. (B.)

2. M. de Buffon.

3. M. l’abbé de Condillac.

4. Du Belloy ; sa tragédie de Pierre le Cruel avait été jouée en 177’2.

5. Saurin.

6. Essai sur les gens de leltres.

7. Acte V des Horaces.

8. J’ose dire hardiment que je n’ai point vu do pièce mieux écrite que Mêlante. Ce mérite si rare a été senti par les étrangers qui apprennent notre langue par principes et par l’usage. L’héritier de la plus vaste monarchie de notre hémisphère étonné de n’entendre que très-difficilement le jargon de quelques-uns de nos