Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/359

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Aux bords du Pont-Euxin vous m'avez bien servi ;
Mais quand César commande, il doit être obéi.
D'un regard attentif ici l'on vous contemple :
Vous donnez à ce peuple un dangereux exemple.
Vous ne deviez paraître aux murs de Constantin
Que sur un ordre exprès émané de ma main.

alexis

Je ne le croyais pas... les états de l'empire
Connaissent peu ces lois que vous voulez prescrire ;
Et j'ai pu, sans faillir, remplir la volonté
D'un corps auguste et saint, et par vous respecté.

nicéphore

Je le protégerai tant qu'il sera fidèle ;
Soyez-le, croyez-moi ; mais puisqu'il vous rappelle,
C'est moi qui vous renvoie aux bords du Pont-Euxin.
Sortez dès ce moment des murs de Constantin.
Vous n'avez plus d'excuse : et si vers le Bosphore
L'astre du jour qui luit vous revoyait encore,
Vous n'êtes plus pour moi qu'un sujet révolté.
Vous ne le serez pas avec impunité...
Voilà ce que César a prétendu vous dire.

alexis

Les grands de qui la voix vous a donné l'empire,
Qui m'ont fait de l'état le premier après vous,
Seigneur, pourront fléchir ce violent courroux.
Ils connaissent mon nom, mon rang, et mon service,
Et vous-même avec eux vous me rendrez justice.
Vous me laisserez vivre entre ces murs sacrés
Que de vos ennemis mon bras a délivrés ;
Vous ne m'ôterez point un droit inviolable
Que la loi de l'état ne ravit qu'au coupable.

nicéphore

Vous osez le prétendre ?

alexis

Un simple citoyen
L'oserait, le devrait ; et mon droit est le sien,
Celui de tout mortel, dont le sort qui m'outrage
N'a point marqué le front du sceau de l'esclavage :
C'est le droit d'alexis ; et je crois qu'il est dû
Au sang qu'il a pour vous tant de fois répandu,
Au sang dont sa valeur a payé votre gloire,
Et qui peut égaler (sans trop m'en faire accroire)