Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/365

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Voulez-vous du remords ajouter les terreurs ?
Votre père a quitté la retraite sacrée
Où sa triste vertu se cachait ignorée :
C'est pour vous qu'il revoit ces dangereux mortels
Dont il fuyait l'approche à l'ombre des autels.
Il était mort au monde ; il rentre, pour sa fille,
Dans ce même palais où régna sa famille.
Vous trouverez en lui les consolations
Que le destin refuse à vos afflictions :
Jetez-vous dans ses bras.

irène

M'en trouvera-t-il digne ?
Aurai-je mérité que cet effort insigne
Le ramène à sa fille en ce cruel séjour,
Qu'il affronte pour moi les horreurs de la cour ?


Scène II

.

irène, léonce, zoé.
irène

Est-ce vous qu'en ces lieux mon désespoir contemple ?
Soutien des malheureux, mon père ! Mon exemple !
Quoi ! Vous quittez pour moi le séjour de la paix !
Hélas ! Qu'avez-vous vu dans celui des forfaits ?

léonce

Les murs de Constantin sont un champ de carnage.
J'ignore, grâce aux cieux, quel étonnant orage,
Quels intérêts de cour, et quelles factions,
Ont enfanté soudain ces désolations.
On m'apprend qu'alexis, armé contre son maître,
Avec les conjurés avait osé paraître.
L'un dit qu'il a reçu la mort qu'il méritait ;
L'autre, que devant lui son empereur fuyait.
On croit César blessé ; le combat dure encore
Des portes des sept tours au canal du Bosphore :
Le tumulte, la mort, le crime est dans ces lieux.
Je viens vous arracher de ces murs odieux.
Si vous avez perdu dans ce combat funeste
Un empire, un époux, que la vertu vous reste.