Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/381

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Allez. On apprendra qui doit donner la loi,
Qui de nous est césar, ou le pontife, ou moi.
Chère Zoé, rentrez : avertissez Irène
Qu'on lui doit obéir, et qu'elle s'en souvienne.

À Memnon.

Ami, c'est avec toi qu'aujourd'hui j'entreprends
De briser en un jour tous les fers des tyrans :
Nicéphore est tombé ; chassons ceux qui nous restent,
Ces tyrans des esprits que mes chagrins détestent.
Que le père d'Irène, au palais arrêté,
Ait enfin moins d'audace et moins d'autorité ;
Qu'éloigné de sa fille, et réduit au silence,
Il ne soulève plus les peuples de Byzance
Que cet ardent pontife au palais soit gardé ;
Un autre plus soumis par mon ordre est mandé,
Qui sera plus docile à ma voix souveraine.
Constantin, Théodose, en ont trouvé sans peine :
Plus criminels que moi dans ce triste séjour,
Les cruels n'avaient pas l'excuse de l'amour.


memnon

César, y pensez-vous ? Ce vieillard intraitable,
Opiniâtre, altier, est pourtant respectable.
Il est de ces vertus que, forcés d'estimer,
Même en les détestant, nous tremblons d'opprimer.
Eh ! Ne craignez-vous point, par cette violence,
De faire au coeur d'Irène une mortelle offense ?

alexis

Non ; j'y suis résolu... je vous dois ma grandeur,
Et mon trône, et ma gloire... il manque le bonheur.
Je succombe, en régnant, au destin qui m'outrage :
Secondez mes transports ; achevez votre ouvrage.